mardi 11 septembre 2012

Tokyo - Paris, 1989

Notebook on cities and clothes, Wim Wenders film, 1989


Yohji Yamamoto a toujours apprécié Paris ainsi que les capitales, lieux d’inspiration et de création. Il confesse d’ailleurs qu’il se sent plutôt Tokyoïte que japonais, habitant d’une ville, non pas représentant d’un peuple. Dans ce documentaire réalisé pour le Centre Pompidou, le réalisateur Wim Wenders suit Yohji à travers Paris et Tokyo. Ou plutôt il traverse Paris et Tokyo pour rencontrer Yohji. Car la rencontre avec le créateur se fait en transversale, en traversant les villes, en traversant et transcendant le vêtement.

Les vidéos se superposent, asymétriques. Le fil directeur n’est pas linéaire, les mains de Yohji se posent en diagonale lorsqu’il explique la fabrication du vêtement. Le réalisateur pose une question : quelle est la première étape, la forme du vêtement ou le tissu ? Yohji hésite, ses mains hésitent, peut-être que certains matériaux requièrent une certaine forme, peut-être que certaines formes requièrent certains matériaux. Pourtant, pour lui, la première étape est le tissu, le touché du tissu.

Quelle est la première étape ? La ville ou le vêtement ? Le documentaire est une balade visuelle à travers la ville. Au détour d’une rue on croise une allure unique. Fugitive, comme cette passante du Pont des Beaux-Arts qui est habillée en Yohji Yamamoto et qui nous mène jusqu’aux coulisses du défilé. Le créateur explique le fonctionnement de son équipe. Ses mains en diagonale dessinent une montagne (en japonais Yamamoto signifie : « au pied de la montagne »). Puis il renverse la montagne, il explique : il n’est pas au sommet de la montagne mais plutôt à sa base, son travail et son inspiration vont infléchir la direction de son équipe et de ses collections.

 La modernité, une succession d’images qui se superposent, qui défilent et qui donnent leur identité à nos villes, à nos modes de vie, à nos allures. Wim Wenders s’interroge sur la construction de nos identités, une somme de souvenirs et d’époques, comme le noir qui est peut-être la somme des couleurs suggère Yamamoto.

Alors le réalisateur enfile une chemise du créateur et ce n’est plus la simple satisfaction de voir une nouvelle image de lui-même qu’il décèle. Lorsqu’il porte un vêtement de Yohji, il a la sensation de porter du neuf et de l’ancien en même temps, la chemise lui rappelle le souvenir, souvenir de son père, comme si l’essence de cette mémoire était tissée dans le vêtement.

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